Il fut l’un des principaux acteurs de la chute du communisme en Europe
Václav Havel est un homme aux multiples facettes: dramaturge, écrivain, philosophe, dissident, homme politique et chef d’État. Il est né le 5 octobre 1936 dans une famille de la grande bourgeoise active dans le secteur immobilier et propriétaire de studios de cinéma. Mais tout change en 1948: lorsque les communistes arrivent au pouvoir, ses parents sont dépossédés de tous leurs biens, accusés d’avoir collaboré avec les nazis et contraints de travailler au sein de l’entreprise qu’ils avaient eux-mêmes créée. Václav Havel est quant à lui taxé « d’ennemi de classe » et le régime lui interdit d’étudier. Ayant terminé son apprentissage, Václav Havel travaille comme assistant en laboratoire de chimie et passe ses examens de fin d'études par correspondance. Après avoir publié plusieurs textes sur la littérature et le cinéma, il postule pour entrer dans une école de cinéma, mais est rejeté. Son premier contact avec le théâtre survient lors de son service militaire de base de deux ans, à l'issue duquel il s'inscrit à l'Académie des arts de la scène. Rejeté une fois de plus, il réussit tout de même à terminer ses études de théâtre des années plus tard, par correspondance.
À la fin des années 1950, il se lance activement dans le monde du théâtre, sa passion de toujours, en tant que machiniste et éclairagiste. C’est alors qu’il fait la connaissance de sa future femme, la comédienne Olga Havlová. Déjà auteur de nouvelles et de critiques théâtrales, il commence aussi à écrire et à produire sur scène ses propres pièces afin d’exprimer son idéal démocratique, mélangeant subtilement l’absurde et l’héritage kafkaïen sur l’identité humaine.
Vue extérieure du bâtiment Havel à Strasbourg © Union européenne 2017 – Parlement européen – CABINET ARCHITECTES IDOMLe « Printemps de Prague »
Petit à petit, Václav Havel commence à se faire un nom en tant que producteur de pièces de théâtre. Au fur et à mesure que sa renommée s’accroît parmi l’intelligentsia, ses pièces attirent de plus en plus l’attention des censeurs du régime et sont officiellement interdites en 1971. Mais c’est avec la répression du Printemps de Prague en 1968, consécutive à l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques du Pacte de Varsovie, que son action prend une nouvelle ampleur politique.
Car Václav Havel n’abandonne pas ses convictions: plutôt que de fuir son pays, il entre en dissidence. Dans une lettre ouverte qu’il adresse au président de la République socialiste tchécoslovaque, il dénonce la situation critique de la société et fustige la responsabilité du régime politique. Il se fait aussi remarquer, dans son pays et à l’étranger, comme un militant des droits de l’homme et pour son implication en 1977 dans la création du manifeste de la « Charte 77 » dont il devient un des principaux porte-paroles. Dans ce texte, Havel rappelle aux responsables communistes du pays les engagements en faveur des droits humains qu’ils ont oubliés au profit de la répression et de la «normalisation» de la société tchécoslovaque.
Comme de nombreux autres opposants politiques, il finit par être incarcéré. Au total, il passera en prison quatre années au cours desquelles il écrit notamment ses célèbres « Lettres à Olga », son épouse.
Visite de Václav Havel, président de la République tchèque © Communautés européennes 2000La « Révolution de velours »
Dissident politique de premier plan, Václav Havel devient vite une personnalité publique reconnue. C’est ainsi qu’en 1986, la foule le place à la tête du Forum civique, un mouvement qui rassemble des militants de l’opposition et auteurs d’initiatives démocratiques. La présence de Václav Havel et ses interventions dans les manifestations attirent des foules de plus en plus nombreuses. Il devient alors un personnage clé de la « Révolution de velours» qui va pacifiquement aboutir, en décembre 1989, à la chute du régime communiste. 41 ans après le «Coup de Prague », les Tchécoslovaques retrouvent enfin la liberté et la démocratie.
Porté par un courant d’opinion unanime, Václav Havel est alors élu à la présidence de la République tchécoslovaque. Il réforme toute l’administration pour faciliter la transition du pays vers une économie de marché. Mais en juillet 1992, Havel décide de quitter ses fonctions en raison de son opposition à la séparation entre Tchèques et Slovaques. Il est réélu en janvier 1993 à la présidence de la République tchèque indépendante.
Il supervise la démocratisation de son pays, le passage à l’économie de marché et l’adhésion en 1999 de la République tchèque à l’OTAN. Atteint d’une maladie, il quitte le pouvoir en 2003, non sans avoir activement assuré les préparatifs à l’entrée – en 2004 – du pays dans l’Union européenne.
La fin de carrière
Si à l’étranger Václav Havel bénéficie d’une grande popularité, son propre pays lui tourne peu à peu le dos. Ses interventions répétées dans le travail du gouvernement lui valent en effet des critiques acerbes d’une partie de la classe politique. Mais on lui reproche aussi d’avoir pu récupérer une grande partie de l’important patrimoine immobilier que les communistes avaient confisqué à sa famille. Enfin, son remariage rapide en 1996 avec une actrice célèbre, Dagmar Veskrnova, suscite la désapprobation de la population.
Mais ceci n’enlève rien à son aura et à son empreinte historique. Malgré une santé fragilisée, Václav Havel a poursuivi jusqu’à sa mort en 2011 son combat pour les droits de l’homme un peu partout dans le monde. Il s’est vu décerner de nombreux prix, tant pour sa contribution littéraire et artistique que pour les actions menées dans son pays : titulaire de la grand-croix de la Légion d’honneur qui lui a été attribuée en France au lendemain de la chute du communisme, il est aussi lauréat du prix UNESCO des droits de l’homme en 1990, du prix international Charlemagne d’Aix-la-Chapelle (qui récompense des personnalités engagées pour l’unification européenne), du prix « Conscience planétaire » décerné par le Club de Budapest, du prix « Lumière de la vérité » du mouvement tibétain ou encore du prix Franz Kafka de littérature. Václav Havel est aussi lauréat d’une quarantaine de titres de docteur honoris causa qui lui ont été attribués à travers le monde.
En juillet 2017, le Parlement européen donne à l’un de ses bâtiments situés à Strasbourg le nom de Václav Havel pour rendre hommage à son combat en faveur des droits de l’homme et de la démocratie.
Vue extérieure du bâtiment Havel à Strasbourg © Union européenne 2017 – Parlement européen – CABINET ARCHITECTES IDOM